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La prostitution
1 décembre 2004

L’hétérosexualité masculine est criminelle

La confusion du consentement

Par Marcela IACUB, le mardi 30 novembre 2004

La modernité sexuelle se flatte de n'avoir gardé, comme critère départageant les actes sexuels licites et illicites, que le consentement des partenaires. Ce critère pose de redoutables problèmes de preuve. Mais il confronte aussi notre morale sexuelle à ses propres paradoxes. Les juristes comparent le consentement éclairé que l'on est censé donner pour un rapport sexuel à celui exigé pour une intervention chirurgicale. Cette pratique paraît inconciliable avec l'idée que la passion amoureuse serait le cadre idéal pour entretenir des relations sexuelles. Ne s'agit-il pas notoirement du genre d'état dans lequel notre jugement est altéré ? Mauvaise foi ! s'exclamera-t-on peut-être. Voire. La Pennsylvanie, voulant élargir le critère de la violence physique pour qualifier le viol, l'avait redéfini par le fait d'user de force "soit physique, soit morale, soit intellectuelle, soit psychologique". Elle en découvrit les étranges conséquences à l'occasion d'une affaire jugée en 1989.

Une jeune fille de 15 ans accusa de viol son petit ami de 23 ans. Surpris un jour en train de s'embrasser chez la jeune fille, ils allèrent continuer leurs ébats dans les bois où ils eurent une relation sexuelle. La jeune fille affirma par la suite qu'elle n'avait pas consenti. Aucun refus ne put être prouvé, aucun acte de force ni de menace. On jugea cependant qu'on disposait d'indices suffisants pour statuer qu'elle avait "probablement dit non", et que le garçon était "probablement conscient" de son refus. Jusque-là, hélas, rien que de très ordinaire dans ce genre d'affaires, dans lesquelles le doute ne profite guère à l'accusé. Cependant, l'affaire étant arrivée en appel, la cour cette fois précisa que, même si la jeune fille avait exprimé son consentement, cela n'aurait pas empêché cet acte sexuel d'être un viol, parce que "la victime était psychologiquement vulnérable à l'égard de l'accusé", du fait de leur différence d'âge et du fait qu'elle était amoureuse de lui ("had an adolescent crush on him")... Même un consentement explicite était invalide parce qu'il était obtenu par une contrainte psychologique : l'amour. Le garçon fut condamné à cinq ans de prison. L'arrêt suscita une large réprobation, et contribua à ce que les États américains qui souhaitaient élargir la notion de viol n'aient pas recours à cette notion de la "contrainte psychique". La France, elle, n'a pas eu ces scrupules : ce critère y est particulièrement prisé ­ non, certes, jusqu'à présent, pour juger l'amour, mais plutôt pour des situations dans lesquelles il est manifestement absent.

Dans une affaire jugée en septembre 2002, une jeune fille de 15 ans fit condamner à des peines allant de cinq à douze ans de prison, 18 mineurs, dont 2 filles, pour lui avoir imposé pendant tout un hiver fellations et sodomies dans différents lieux. Or la jeune fille n'habitait pas à l'endroit où les faits ont eu lieu, et devait faire un long trajet pour s'y rendre. On expliqua cela par une "sidération psychique". De nombreuses affaires de "tournantes" sont bien entendu clairement des viols collectifs. Mais il arrive aussi que les magistrats utilisent des raisonnements qui renvoient à la contrainte purement psychologique : "Ils se sont servis d'elle qui pensait que quand on engage son corps on engage son cœur" ; ou bien "dans les tournantes, le refus de la jeune fille n'est pas forcément manifeste et les garçons se croient autorisés à aller jusqu'au bout" ; ou encore "dans les quartiers, les filles sont souvent considérées comme des choses qu'on possède. Malgré elles, elles l'intériorisent". Alors, comme dans l'affaire de Pennsylvanie, que le refus soit explicite ou non n'est plus la question : la relation est telle que ces actes sexuels ne peuvent être que forcés.

En l'occurrence, le signe manifeste du refus sembla être pour la cour les symptômes que la jeune fille avait développés par la suite : elle passait des heures cloîtrée dans son appartement, à vomir et à se laver sans cesse, à agresser ses proches, et a même tenté de se défenestrer. On aurait pu penser qu'il s'agissait de symptômes de sa propre culpabilité. Mais on les considéra comme indices d'une contrainte extérieure. En somme, ces jeunes gens auraient abusé de la fragilité psychique de la jeune fille, de ses pulsions autodestructrices. Mais peut-on prendre un sentiment de culpabilité comme le signe du non-consentement à un acte ? On utilise même à certains égards la sanction pénale pour soulager la jeune fille de sa culpabilité, en lui disant : "Tu n'étais pas vraiment consentante." Dès lors, on se trouve à évaluer la "vraie liberté" des personnes, au-delà même des indices clairs et manifestes de leur consentement ou de leur refus. Certes, le consentement est une convention juridique, qui ne traduit pas nécessairement la vraie liberté. Mais ce dont le droit a besoin, ce n'est pas d'être transparent à la liberté métaphysique, c'est de conventions communes et extérieures, afin de ne pas livrer la sécurité juridique des personnes tout simplement à l'arbitraire. L'abîme entre la liberté et le consentement est certes un problème passionnant, mais craignons une société qui traduit ces profondes énigmes en peines d'autant plus incompréhensibles, qu'elles sont énormes.

 

MON COMMENTAIRE

Un bon article de Marcela IACCUB mais il y manque cependant quelque chose. Marcela Iacub omet de faire une remarque pourtant essentielle : les condamnations sévères qu'elle dénonce sont toujours dirigées contre les hommes. Prenons les exemples qu'elle rapporte.

Dans le premier, une adolescente américaine de 15 ans accuse son petit ami de l'avoir violée. Le garçon fut condamné à cinq ans de prison parce qu'il était un garçon.

Second exemple : une jeune fille de 15 ans fait condamner à des peines allant de cinq à douze ans de prison, 18 mineurs, dont 2 filles, pour lui avoir imposé pendant tout un hiver fellations et sodomies dans différents lieux. Ici, une différence : il y a deux filles parmi les condamnés. Mais la majorité reste très largement masculine. Ce sont eux que l'on voulait atteindre. Et la victime est toujours une fille. Et nous pouvons parier que les peines les plus faibles ont été pour les filles.

En se privant de faire cette observation, Marcela Iacub s'interdit de comprendre un fait fondamental. La justice, qu'elle soit américaine, française, allemande ou britannique, peu importe, repose sur une conception anti-masculine (féministe) de la sexualité. Les féministes radicales affirment ouvertement que l'acte sexuel est un acte de domination, de pouvoir de l'homme sur la femme. Les autres féministes ne l'expriment pas ouvertement, mais le considèrent aussi implicitement. Par conséquent, il est impossible par définition que la femme ait consenti à sa propre domination. Le refus de consentement de la femme à l'acte hétérosexuel est donc légalement présumé. La justice présume que toute femme qui a un rapport hétérosexuel est violée, sauf preuve du contraire (difficile à faire pour l'accusé masculin).

Le rapprochement avec la prostitution est évident. Les prétendus abolitionnistes affirment que la prostituée ne peut JAMAIS consentir. Le rapport de l'homme avec une prostituée est toujours un viol. Les prétendus abolitionnistes disent que c'est un viol légal parce que la loi (française) ne le réprime pas encore, mais légal ou pas, ils considèrent que c'est un viol.

Les prétendus abolitionnistes détournent habilement notre attention de l'essentiel avec un point de détail : dans la prostitution, l'homme paie. Or, l'essentiel n'est pas là. Qu'il paie ou pas, peu importe, tout acte hétérosexuel est un viol parce que tout acte hétérosexuel est un acte de domination de l'homme sur la femme. Donc un acte imposé par la violence. Comme le dit Alonso, " il y a toujours, toujours, contrainte ". Isabelle Alonso limite habilement cette affirmation à la prostitution, mais la vraie pensée cachée des féministes, c’est que, prostitution ou pas, il y a toujours, toujours violence.

Selon Marcela Iacub, " la modernité sexuelle se flatte de n'avoir gardé, comme critère départageant les actes sexuels licites et illicites, que le consentement des partenaires ". D'où tire-t-elle cela ? Je l'ignore. Mais en tout cas, il est certain que c'est le contraire qui est vrai. La modernité sexuelle a banni le consentement comme critère départageant les actes licites et illicites. Elle ne tient, justement, aucun compte du consentement. Dans la prostitution la prostituée est consentante (elle est même demandeuse. Il faut voir les prostituées qui attrapent les hommes par la manche et les tirent à elles. L'homme doit presque se fâcher pour qu'elle le lâche. Mais bon, je sais ce qu'on va me répondre. Elle fait ça parce que si elle ne ramène pas assez son proxo va la tabasser) mais le droit méprise de consentement. Il dépouille la prostituée de sa capacité à consentir. Il en fait un individu juridiquement incapable. Le critère réel c'est le sexe de l'individu. Si l'individu appartient au sexe masculin et s'il a un rapport avec l'autre sexe, le rapport est illicite. C'est là le fond de la question.

L'objection que l'on me fera est évidente : j'exagère. Je délire. Chaque jour des millions d'hommes ont des rapports hétérosexuels et ils ne sont pas condamnés pour autant. Donc, les rapports hétérosexuels sont licites. Peut-être, mais qui vous dit qu'ils ne pourraient pas l'être ? Qui vous dit qu'une épouse ne pourrait pas porter plainte pour viol contre son mari, en l'absence de tout acte de violence, de tout refus exprimé, etc... ? Qui vous dit que le tribunal ne jugerait pas que "la victime était psychologiquement vulnérable à l'égard de l'accusé", du fait de leur différence de situation ? Ce qui compte, c'est que rien n'empêche que les raisonnements actuels soient appliqués à ce genre de situation. Par conséquent :

-règle de base : l'hétérosexualité masculine est criminelle par nature ;

-mais il existe des zones de tolérance dans lesquelles elle est tolérée (mariage, concubinage, relations entre adultes).

Toutes les femmes ne portent pas plainte mais toutes pourraient le faire. L'homme, terrorisé (ou inconscient s'il ne l'est pas) est donc suspendu au bon plaisir de la femme. D'un simple geste, elle peut détruire sa vie. On imagine le pouvoir formidable que la criminalisation de l'hétérosexualité masculine donne aux femmes sur les hommes.

On voit aussi un avantage des relations avec les prostituées : le risque juridique diminue énormément. Avoir des rapports hétérosexuels avec une non prostituée, c'est une conduite dangereuse (donc déraisonnable). L'individu qui le fait prend des risques qu'il regrettera peut-être un jour. Le droit de réminiscence, vous connaissez ? Aux États-Unis, une femme a le droit de se rappeler que, ah oui, le 12 juillet 1989 elle n'était pas consentante. Et de faire condamner l'homme trente ans après.

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