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La prostitution
20 janvier 2016

Quand les femmes choisissaient

 

Dans le chapitre « Prostituées et hétaïres » de son livre Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir livre une information intéressante : « Dans beaucoup de cas, la prostituée aurait pu gagner sa vie par un autre moyen ».

 

Le fait que la prostituée « aurait pu gagner sa vie par un autre moyen » nous apprend deux choses. La première, c’est qu’avant de décider de se prostituer, plusieurs possibilités lui étaient offertes. Et elle aurait pu opter pour n’importe laquelle de ces possibilités. Par conséquent, contrairement à ce que soutiennent tous les semi prohibitionnistes, elle n’a pas été contrainte. Elle a fait un choix. La seconde chose que nous apprenons, c’est que si la femme a choisi la prostitution plutôt qu’un autre emploi, c’est parce que la prostitution lui est apparue comme plus avantageuse. Elle n’est donc pas l’enfer abominable que tous les semi prohibitionnistes s’évertuent à dépeindre.

 

Mais, naturellement, cela, c’était avant. A l’époque où Simone de Beauvoir écrivait, les femmes venaient à peine d’obtenir le droit de vote. Elles étaient soumises à la tutelle maritale, le père était le chef de famille, l’égalité professionnelle, le droit à la contraception et à l’avortement n’étaient pas reconnus. Toutes les écoles et toutes les carrières ne leur étaient pas ouvertes. De nos jours, il n’en est plus de même. Elles ont, dans tous les domaines, les mêmes droits que les hommes. Toutes les écoles, toutes les carrières, l’armée, la police, la politique leurs sont ouvertes. Elles pilotent des voitures de course, des hélicoptères, des avions de chasse, remportent des courses à la voile. Et depuis qu’elles ont tous les droits et toutes les possibilités, elles n’ont plus aucun choix. Plus les possibilités qui s’ouvrent à elles sont grandes, moins elles ont de choix. Somme toute c’est logique.

 

Il n’est plus possible de dire aujourd’hui ce qui l’était encore il y a un peu plus d’un demi-siècle. Plus personne aujourd’hui, ne se risque à affirmer que les personnes prostituées, dans bien des cas, auraient pu gagner leur vie par un autre moyen. Ce serait un crime de lèse-majesté prohibitionniste. Il n’est plus question que de contrainte, de violence, d’esclavage, de victimes, de système prostitutionnel et de clients prostituteurs. Selon la pensée unique, si des femmes se livrent à la prostitution, c’est parce qu’elles y sont contraintes. Elles ne sont pas libres. Elles n’ont aucune possibilité de choix.

 

Simone de Beauvoir ne se contente pas de nous dire que, dans bien des cas, les personnes prostituées auraient pu gagner leur vie par un autre moyen. Elle donne une raison pour laquelle elles ont donné leur préférence à la prostitution : « En moyenne, ces métiers rapportent plus que beaucoup d’autres. » Voilà une autre affirmation que nous n’entendons plus jamais. Les personnes prostituées sont victimes, elles sont exploitées, elles sont esclaves. Mais jamais, au grand jamais, elles ne font un métier qui leur rapporte plus que beaucoup d’autres. La raison pour laquelle les semi prohibitionnistes dissimulent scrupuleusement le fait que la prostitution rapporte plus que beaucoup d’autres métiers, c’est parce que ce fait pourrait expliquer que les personnes prostituées le font par intérêt matériel, donc par choix, non par contrainte. Or, la contrainte est un dogme fondamental des semi prohibitionnistes Saper le dogme de la contrainte, ce serait risquer la ruine de tout l’édifice de mensonges et de falsifications.

 

Enfin, Simone de Beauvoir donne encore une autre raison pour laquelle certaines femmes optent pour la prostitution de préférence à un autre travail. C’est qu’elle ne rapporte pas seulement plus qu’une autre activité, elle est aussi plus agréable à exercer que beaucoup d’autres métiers : « Ce métier est encore un de ceux qui paraît à beaucoup de femmes le moins rebutant. » Voilà encore un autre fait qu’il n’est plus possible aujourd’hui de révéler. Jamais il ne faut dire que la prostitution est moins rebutante que d’autres emplois ingrats et sans intérêts. Elle doit à tout prix apparaître comme le pire des esclavage.

 

De toute évidence, en un demi-siècle, la liberté d’expression, mais même la liberté de penser a considérablement régressé dans les sociétés occidentales. Elles sont moins libres, plus totalitaires qu’avant. Les autorités intellectuelles y exercent sur chacun d’entre nous une pression terrible qui viole nos libertés.

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