La prostitution, un phénomène sexué
Pourquoi faut-il pénaliser les clients des prostituées ? C’est très simple, tout simplement parce que la prostitution est un phénomène sexué. C’est en tout cas ce que voudraient nous dire les discussions sur le rapport parlementaire fait au nom de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi (n° 1437) renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, par mme Maud Olivier.
« La prostitution est un phénomène sexué qui contrevient au principe d’égalité entre les hommes et les femmes : en effet, si 85 % des personnes prostituées en France sont des femmes, 99 % des clients sont des hommes. »
Je pensais naïvement que la prostitution était un rapport entre une personne prostituée qui propose des services sexuels et un client qui paie pour obtenir ces services. C’est d’ailleurs la définition qu’en donne le dictionnaire Larousse : « La prostitution est l’acte par lequel une personne consent à des rapports sexuels [avec une autre personne] contre de l’argent. ». La personne prostituée peut être un homme ou une femme, et de même le client peut être un homme ou une femme.
Toutefois, les féministes souhaitent tirer la couverture à eux pour faire de la prostitution non une violence envers les personnes prostituées, mais spécifiquement une violence faite aux femmes. Pour cela, ils font observer que la plupart des personnes prostituées sont des femmes et que les clients sont à peu près toujours des hommes. Les quelques 15% d’hommes prostitués, tenus pour une quantité négligeable, passent à la trappe. Quant aux quelques femmes qui recourent aux services des hommes prostitués, on n’en parle même pas. Du coup, la prostitution subit une mutation, elle devient « un phénomène sexué ». Elle n’est plus, comme le dit le dictionnaire Larousse, l’acte par lequel une personne consent à des rapports sexuels avec une autre personne contre de l’argent, mais l’acte par lequel une femme consent à des rapports sexuels contre de l’argent avec un homme. Ainsi, la définition que le dictionnaire donne de la prostitution subit un changement qui n’est pas anodin.
Admettons donc, comme on nous le dit, que la prostitution est un phénomène sexué. Mais en quoi cela blesse-t-il les droits des femmes ? En quoi cela contrevient-il au principe d’égalité entre les hommes et les femmes ? La racaille parlementaire ne fournit aucune réponse à cette question. Elle ne se la pose même pas.
Les femmes comme les hommes ont le droit de vote. Mais imaginons que, pour une raison obscure, la plupart des femmes décident de ne pas exercer ce droit de telle sorte que le vote serait à 99% masculin. Le vote serait alors « sexué », comme dit le rapport Olivier, puisqu’il suffirait pour cela de constater que 99% des votants sont des hommes. Mais en quoi le fait que 99% des votants sont des hommes bafouerait-il le droit de vote des femmes ? En quoi le fait que les femmes s’abstiennent de voter serait-il une raison pour retirer aux hommes le droit de vote ? Le fait qu’un électeur décide de ne pas voter ne signifie pas qu’il a été privé de son droit de vote. Il aurait pu l’exercer s’il l’avait voulu. S’il ne l’a pas fait, il ne peut pas se plaindre d’avoir été privé d’un droit.
Il manque un chaînon dans le raisonnement de la racaille parlementaire. Elle aurait dû se demander pourquoi la quasi-totalité des clients sont des hommes. Or, elle ne l’a pas fait. Dans son esprit, « sexué » signifie « injustice faite aux femmes ». Existerait-il, quelque part dans notre droit, une loi qui interdirait aux femmes d’être clientes d’hommes ou de femmes prostitué-e-s si elles en ont le désir, comme il existait autrefois une loi interdisant aux femmes mariées d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation du mari ? La réponse est non, évidemment. Par conséquent, les femmes ont tout autant que les hommes le droit d’être clientes, et il est totalement ridicule de soutenir, comme le font nos gribouilles parlementaires, que « la prostitution contrevient au principe d’égalité entre les hommes et les femmes »
Le fait que les clients sont à peu près tous des hommes ne s’explique nullement par un droit, ou un privilège, ou je ne sais quel « pouvoir » dont bénéficieraient les hommes, mais tout simplement parce que leurs besoins sexuels sont considérablement supérieurs à ceux des femmes. De ce fait, les femmes peuvent facilement avoir autant de partenaires sexuels qu’elles le souhaitent (leur principal problème étant de repousser les importuns qui les sollicitent. Elles se plaignent toutes d’être « harcelées »), alors que la vie sexuelle des hommes est bien plus difficile. La vraie cause de la prostitution, c’est le déséquilibre des besoins sexuels. Les hommes sont contraints de payer, alors que les femmes peuvent facilement avoir des partenaires sexuels sans payer. Si, comme le disent les prohibitionnistes, « la prostitution est un phénomène sexué », si les femmes ne recourent pas à la prostitution (ou très marginalement) c’est parce qu’elles n’en ont nul besoin.
Ainsi, les hommes sont défavorisés par rapport aux femmes sur le plan sexuel parce qu’il est plus difficile pour eux de trouver un partenaire consentant. Et c’est le fait que les hommes sont défavorisés sur le plan sexuel qui sert de justification pour les punir. Il ne suffit pas que les hommes ne puissent pas (ou très difficilement) avoir des relations sexuelles non vénale, la société veut aussi les empêcher d’en avoir en payant. En fait, en ce qui concerne la pénalisation des clients, les jeux sont faits d’avance. La racaille parlementaire a décidé a priori de pénaliser les clients sans pénalisation des prostituées et elle ramasse dans le caniveau les arguments les plus minables pour présenter son a priori comme la conséquence d’un raisonnement rationnel. Chacun le sait, quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Faisons confiance à l’imagination débridée de ces parlementaires coupés du peuple pour trouver de pseudo-arguments qui démontreront de manière irréfutable que ces chiens de clients ont la rage. Nous mesurons à quel point les sociétés occidentales féministes et capitalistes sont cruelles, malveillantes et malhonnêtes envers les hommes. Et nous mesurons aussi à quel point les parlementaires sont cyniques et corrompus.
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